Le handicap invisible n'est pas un handicap spécifique ou "à part". On peut l'entendre bien trop souvent encore. Ca reste un handicap quand même. Et le deuil à faire de l'état avant vers celui-ci d'après l'apparition du handicap est à mon sens le même.
Alors évidemment, en devant sourd je n'ai pas perdu une jambe, un bras, ou ne suis pas en fauteuil roulant. Mais passer d'un état physique où tout allait bien à un état physique dégradé (1) reste un vrai changement dans la vie.
Mais il faut aussi pouvoir passer à autre chose. Certains parlent d'un processus de deuil, je pense que c'est comme ca que de mon côté j'ai traversé cette période. Passer du temps à ruminer, à se demander comment on va faire, à ressacer, à ne penser qu'à ca, et finalement, presque du jour au lendemain, comme une évidence, on décide d'avancer sans plus se poser autant de questions.
Comme un vrai deuil finalement.
Pour moi les étapes ont été :
- arrivée du handicap, du jour au lendemain. Je me réveil le matin, je n'entend plus rien.
- annonce du diagnostique, par l'audioprothésiste puis par l'ORL
- ressasser, ne penser qu'à ca, ca a été la phase la plus difficile pour moi, déjà parce qu'au début les rendez-vous s'enchainent : appareillage, contrôles, ajustement, orl pour les examens, une impression de ne vivre que pour ca pendant quelques semaines
Il faut aussi se renseigner, adapter son logement, l'annoncer à ses proches, et surtout vivre pour la première fois des situations que nous faisions en étant valide. Premier restaurant, premier repas en famille, premier cinéma, première fête de l'école des enfants...
Globalement, ca donne une impression de ne vivre que pour ca.
Après il y a la période de colère, où j'ai ressentie un vide. Le gros des rendez-vous est passé, le dossier MDPH est OK, au travail tout le monde est informé / le poste est adapté, et à ce moment on se sent très seul. C'est là où il ne faut pas perdre pieds.
Et puis d'un coup, comme une évidence, on passe à autre chose. Un déclic dans la tête. Allez, ressaisie toi Florian tu vas pas passer ta vie à te demander pourquoi et comment.
Alors maintenant que je suis en plein dans cette période, j'ai pour leitmotiv : un problème, une solution. Si je me retrouve embêté dans un acte du quotidien ou dans un lieu, je m'adapte puis je réfléchis après coup à la solution la plus adaptée pour corriger ce problème : matériel, évitement, adaptation, ...
Ca me permet d'avoir l'esprit plus disponible.
Bref, je vis, j'avance. Un pas en avant chaque jour, mais qu'est ce que ca fait du bien de retrouver le sourire !
Et surtout :
