Le jour où j'ai dû me faire appareillé, à 36 ans, la vie n'a plus jamais été un long fleuve tranquille. On est d'un seul coup jeté dans le grand bain du handicap invisible. Ce n'est pas le plus dérangeant pour les gens autour de nous, en revanche c'est celui qui pose le plus de questions.
Parce que finalement, quand on voit quelqu'un avec des béquilles ou un fauteuil roulant, on ne va pas aller le voir pour lui poser pleins de questions.
Par contre quand on dit que l'on est malentendant, après la stupeur vient le moment des questions :
- Mais tu es malentendant alors que tu parles ?
- Mais tu entends VRAIMENT rien ?
- Tes appareils permettent d'entendre plus fort uniquement ?
Et parmi tout ca, une question de mon père qui m'a fait rire soupirer : J'espère que tes appareils seront discrets ?
Spoiler, il avait ca en tête je pense :
Les joies du handicap invisible
En miniaturisant de plus en plus les appareils auditifs, les audioprothésistes ont invisibilisés encore plus notre handicap. C'est à dire que maintenant on est sourds, mais en plus personne ne le sait. On ne va pas se cacher, dans certaines ca peut être dangereux (voitures, vélos, juste comme ca au hasard).
Alors oui, forcément, je suis un homme aux cheveux courts, mon appareil risque de se voir un peu. Mais c'est discret. Et je me retrouve devant mon père à devoir me justifier en lui expliquant que je ferais le maximum pour qu'il soit discret : "Oh tu sais, maintenant ils font des petits appareils" ou "T'inquiète, au pire je laisse un peu pousser mes cheveux".
Bref, mon handicap c'est aussi mon identité, nouvelle, mais il faudra faire avec.